Histoire des EHPAD : l’accompagnement de nos aînés

Chez MobaSpace, notre vision est de mettre la technologie au service des seniors et de leurs soignants, dans l’objectif de rendre du temps à la relation humaine qui les lie. Nous étions curieux de voir comment cette relation, et plus largement comment l’accueil des séniors en institution, avaient évolué au fil du temps. Comment et pourquoi sont nés les EHPAD ? Quels changements ont-ils connus?

Ce voyage dans le passé est aussi l’occasion de réfléchir au regard que la société porte sur les personnes âgées, à la place qui leur est laissée, et aux défis futurs à relever.

Un peu d’histoire : pourquoi et comment l’accueil des seniors en institution est-il apparu?

exterieur hospice

Exode rural et augmentation de l’espérance de vie

Autrefois, l’aide apportée aux personnes vieillissant venait directement de la famille : on accueillait chez soi son proche, on vivait avec lui, on lui prodiguait des soins. Mais comment faire lorsqu’on vivait dans une grande ville où l’habitat n’offrait pas suffisamment d’espace pour recevoir son ainé ? L’exode rural et l’allongement de l’espérance de vie n’ont fait que renforcer cette question. Et comment faire lorsque la personne âgée était seule, isolée, sans famille, et sans ressource ?

Hospices : Paris à l’avant-garde

Ainsi, au début du 19eme siècle, Paris fut avant-gardiste. Des hospices apparurent à l’initiative d’institutions publiques, ou encore de communautés religieuses. Etymologiquement, l’hospice est le lieu où l’on donne l’hospitalité. Les hospices accueillaient les enfants trouvés, les infirmes, les aveugles, et les personnes âgées démunies. Ces dernières y arrivaient vers 60-70 ans (notons que l’espérance de vie était de 45 ans à l’époque). On y vivait, on y partageait le quotidien de la communauté, on y vieillissait, on y mourait.

Mais en créant ces solutions d’hébergement pour ces personnes âgées nécessiteuses, la société les avait catégorisées, ou plutôt avait catégorisé la vieillesse : Mathilde Rossigneux-Méheust, maître de conférences en Histoire Contemporaine, décrit ainsi la « construction d’un nouveau lien entre la société française et ses vieux, un lien ambivalent, nourri de bienveillance et de rejet, de prévenance et de dévalorisation, de protection et de surveillance ». (liste des écrits sur la vieillesse par Mathilde Rossigneux http://larhra.ish-lyon.cnrs.fr/membre/507)

Dans la 2eme partie du 19eme siècle, les hospices comptaient désormais une « infirmerie », espace commun davantage médicalisé, destiné à accueillir les personnes en fin de vie. La vocation des hospices mélangeait donc la notion de médical et de social.

Au 20ème siècle, prise en compte des droits des personnes âgées

En 1975, deux lois furent promulguées : elles offraient davantage de droits aux personnes fragilisées, et différenciaient le secteur social du médico-social. Ainsi, en 1975, l’hospice disparaissait officiellement, et les pouvoirs publics prévoyaient leur remplacement par des maisons de retraite. Ces établissements, destinés exclusivement aux personnes âgées « à la retraite », pouvaient être médicalisés ou pas. L’espérance de vie à la naissance était alors de 69 ans pour les hommes.

EHPAD du 21ème siècle : un équilibre délicat entre lieu de soins et lieu de vie, entre respect de l’individualité et vie collective

résidente d'EHPAD lisant dans sa chambre

De la maison de retraite à l’EHPAD : définition légale d’un cahier des charges

En 2002, la loi rénovant l’action sociale et médico-sociale était promulguée ; ses objectifs majeurs résidaient dans la structuration et l’affirmation des droits individuels et collectifs des usagers dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux. Le terme EHPAD « établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » remplaçait désormais celui de « maison de retraite » et répondait à un cahier des charges bien défini légalement.

Qui sont les résidents d’EHPAD en 2021?

Mais aujourd’hui, en pratique, qu’est ce qu’un EHPAD ? Qui y sont les personnes qui y habitent, comment voient-elles leur quotidien ? 

En 2021, Un EHPAD accueille des seniors souffrant en moyenne chacun de 8 pathologies. On y arrive en moyenne à 87 ans (l’espérance de vie à la naissance en 2018 étant de 85 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes), et dans 40 % des cas, l’arrivée se fait à la suite immédiate d’une hospitalisation. Les échelles d’évaluation montrent que le degré de polypathologie en EHPAD a presque doublé en 20 ans (source CNSA, « la situation de EHPAD en 2017 »), et que le degré de dépendance a augmenté de 30 % sur cette période.

L’organisation quotidienne en EHPAD

Chaque résident – c’est ainsi qu’on appelle une personne vivant en EHPAD- y a sa chambre (cependant des chambres doubles perdurent dans certains établissements, publics notamment) et sa salle de bain. Ces 21 mètres carrés constituent l’îlot d’intimité de chacun. Un îlot néanmoins souvent accosté par l’infirmière, l’aide-soignante, un médecin ou la personne réalisant le ménage.

Lorsque des soins sont nécessaires, ils sont plus souvent réalisés le matin. Néanmoins les équipes soignantes essaient d’organiser au mieux leur planning pour s’adapter à chacun.

Le repas, à l’exception du petit-déjeuner souvent pris en chambre, est partagé dans une vaste salle à manger.

L’après-midi est davantage dédié aux activités : spectacles, conférences, jeux de société, revues de presses… un animateur est chargé de veiller à la vie sociale et de favoriser la communication entre les personnes.

Partager le quotidien de la collectivité, un changement de vie

Il n’est pas évident de trouver ses marques ni d’accepter ce consensus entre vie collective et individualité, après des dizaines d’années passées chez soi, et parfois dans un même logement.

Ce vaste bouleversement ne semble rien, vu d’un œil de quadra-quinqua ou sexagénaire, mais il est le deuil d’une tranche de vie. Et malgré les efforts des établissements, ce qu’on nomme « l’accueil en EHPAD », le jour J, demeure un moment relativement aseptisé et impersonnel. Le manque de temps des personnels au sein des établissements, mais aussi le manque d’anticipation des seniors et de leur entourage rendent d’autant plus difficile cette arrivée rarement souhaitée.

Probablement pour ces raisons, peu de personnes du 3ème âge ont envisagé leur 4ème âge, et encore moins l’option d’une arrivée en EHPAD. Appréhender sa perte d’autonomie n’est pas chose aisée. Là débute le fossé qui s’est creusé entre le grand âge et la société : plutôt que de penser la vieillesse et l’accompagner, on l’a mise à distance.

Et demain ? Priorité au lien humain

Le terme de maison de retraite est bel et bien obsolète. On n’arrive pas en EHPAD à l’âge de la retraite, et on n’utilise pas non plus sa retraite pour préparer son arrivée à l’EHPAD. Être fraîchement retraité au 21 siècle, c’est avoir à peine plus de 60 ans, être en bonne santé, conduire sa voiture, faire du sport, voyager, consommer, s’occuper de ses petits-enfants…

Alors certes, le terme de maison de retraite est, à bon escient, tombé en désuétude, mais la même interrogation persiste : si entre 1800 et 2002, la société française a progressivement défini un cadre de vie pour les personnes âgées, s’est-elle pour autant véritablement interrogée sur les aspirations des personnes quant à cette partie d’existence qui n’est rien d’autre que la Vie ?

Seniors babyboomers, une génération qui voudra faire entendre sa voix

Les futurs seniors du 4eme âge connaîtront-ils le même parcours que leurs «prédécesseurs»?                                                                                                                                               Les politiques et les industriels ont bien noté que le 3ème âge représentait une part croissante de la population, avec un pouvoir d’achat important, et un pouvoir décisionnel certain. Nombreux sont ceux qui convoitent donc ce marché de la « silver economy ». Et c’est peut-être parce que la voix du 3ème âge compte désormais sur le plan économique et politique qu’elle pourra – et celle du 4ème âge également – désormais compter sur le plan sociétal.

Les 1ers babyboomers sont nés en 1945, ils ont aujourd’hui 75 ans : ils ne tarderont pas à atteindre un âge où se profilent des évènements médicaux plus nombreux et un début de perte d’autonomie : l’entrée en EHPAD pourrait devenir d’actualité pour certains d’entre eux.                                                                                                                                                                     Or, comme le souligne Michèle Delaunay, ancienne ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de la Dépendance, il s’agit d’une génération gâtée qui n’a pas connu de guerre, et qui a connu nombre d’innovations à une vitesse folle : transports, hautes technologies, plein emploi, pilule, IVG, accès des femmes à des postes stratégiques, au vote, ou encore à la détention de compte bancaire…. Il s’agit aussi d’une génération ayant découvert, observé et accompagné le vieillissement et la perte d’autonomie de ceux nés avant-guerre (aucune génération n’avait vécu aussi longtemps que celle de l’avant-guerre). Bref les baby boomers sont avertis, et susceptibles pour une part d’entre eux d’anticiper leur 4ème âge. Une génération exigeante qui voudra se faire entendre.

Le temps, enjeu majeur de l’avenir des EHPAD

Ainsi l’EHPAD de demain, avant d’être un EHPAD technologique ou encore un EHPAD à domicile, doit être un EHPAD plus humain. Le temps constituera certainement le véritable enjeu de l’EHPAD du futur. Temps suffisant pour prendre soin. Temps partagé entre soignants et résidents en dehors de tout acte de soin. Ou encore temps partagé entre résidents autour d’activités véritablement choisies. Ce temps convivial nécessitera davantage de ressources humaines, et ce point essentiel n’est à ce jour pas encore tranché. N’oublions pas non plus le temps partagé entre ceux « de l’intérieur » (résidents, soignants), et ceux de « l’extérieur » (entourage familial, amical, écoles, associations sportives et culturelles…).                          Certes les directions d’établissement mettent depuis plusieurs années leur énergie à tourner les EHPAD vers l’extérieur. Mais le changement viendra de la volonté de notre société à ouvrir son esprit et à changer son regard sur la perte d’autonomie et sur la maladie, cognitive notamment.

Qu’il s’agisse de l’EHPAD d’hier, d’aujourd’hui ou de demain, l’accompagnement de nos aînés est une réflexion de société. A notre échelle, chez MobaSpace, nous réfléchissons à la façon de développer des outils qui aideront les soignants à suivre plus facilement et plus efficacement la santé des personnes âgées. Ce temps gagné, nous voulons qu’il soit là pour être partagé. SI vous souhaitez en savoir davantage, rendez-vous sur https://www.mobaspace.com/syspad-solution-connectee-pour-la-sante-des-seniors

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2 réflexions au sujet de “Histoire des EHPAD : l’accompagnement de nos aînés”

  1. Bonjour, j’aimerai dans le cadre d’un Travail de fin d’Etude savoir la profession et le nom de l’auteur de cet article intéressant merci

    Répondre
    • Bonjour, il a été rédigé par Laetitia Lamazou, co fondatrice et gériatre.
      Bien à vous,
      l’équipe MobaSpace.

      Répondre

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